Un amour infini de trail




Vous êtes resté coincé entre le présent et le futur !
En somme, vous étiez au conditionnel !

René Barjavel : le voyageur imprudent



[size=18]Le temps est la locomotive,[/size]
[size=18]qui nous mène à une certaine[/size]
[size=18]gare, où l'on ne donne pas[/size]
[size=18]de billet de retour.[/size]

Jean-Louis-Auguste Commerson :
La petite encyclopédie bouffonne





Tout s'était pourtant bien déroulé, enfin, pour un traileur aguerri comme je le suis, et en toute modestie !
Pour un sédentaire, cela doit s'apparenter à un film d'horreur ou à un cauchemar ; pensez donc, ces vingt cinq derniers kilomètres dans le froid, sous la pluie, dans la boue, avec un D+ de malade (pardon, un dénivelé positif pour les non initiés), des glissades, des risques de chute incessantes, de l'escalade parfois, des ronces, le torrent en furie qui essaye de vous attraper et de vous noyer à chaque virage sec…
On essaie bien de tourner et de suivre le sentier qui tourne, mais la boue est telle que si le sentier tourne à droite, on a la fâcheuse tendance à filer tout droit vers ce bon sang de torrent impétueux, chargé de toutes les pluies de ces derniers mois, je refuse d'être le premier noyé d'une compétition de trail !
Le chrono, me demanderez-vous, eh bien il devient superfétatoire dans ces conditions, il n'y en a plus.
Il faut aller au bout de son effort, de son enfer personnel, ne pas céder au découragement. Mes chaussures pourtant spécialisées, se sont tellement chargées de boue qu'elles en sont au point de ne plus pouvoir rien accrocher du tout ! J'ai même la sensation qu'elles pèsent des tonnes...



La nuit descend doucement dans cette forêt et je commence par distinguer de plus en plus malaisément tous les obstacles, et il y en a sacrément beaucoup. Je m'arrête quelques instants, sors ma frontale de la poche, je mets la position sur éclairage maximum, la lampe joue parfaitement sa partition et soudainement les lieux sont éclairés comme en plein jour, vive le halogène !
C'est « amusant », j'ai l’impression d'être déjà passé par là !


* * * *


La course s'était correctement déroulée, enfin, pour un pro du trail comme moi, toute humilité mise à part !
On imagine que pour les pauvres piétons des villes la hantise que cela doit représenter ; imaginez un peu, les vingt cinq derniers milles mètres dans une température hivernale, des abats d'eau, de la gadoue, de vrais montagnes à franchir, des dérapages non contrôlés, des craintes de tomber permanentes, de l’ascension parfois même, des végétations épineuses, la rivière en folie qui tente de me saisir à chaque tournant sévère…
On a beau tenter de virer et de longer le chemin qui tournaille, mais la terre glissante est telle, que si le chemin vire à gauche, on a la malencontreuse force d'inertie qui nous fait dérouter en face et en direction de ce fichu ru, qui est devenu une rivière fougueuse, renforcée de toute la pluviométrie des quinzaines passées. Je m'oppose à figurer comme première victime engloutie par les eaux dans une course nature !
Mon chrono, vous questionnez vous ? Ben, il paraît bien superflu dans ces moments là et il disparaît même! Pourtant on doit conclure, ne pas se résoudre à la lassitude, mes runnings fortement techniques, sont lourdes de glaise et de boue, au point qu'on dirait des patins à glace. Je ne cours plus, je glisse… J'ai le sentiment de transporter des enclumes à mes pieds.
Le jour tombe assurément dans ces bois et je finis par tâtonner complètement pour éviter les pièges et dieu sait qu'ils sont nombreux. Je stoppe un court moment et dégaine la lumière portative de mon blouson, que je positionne sur rendement au maximum.
L'engin allume un faisceau total et tout à coup, l'endroit s'illumine comme en plein soleil ! Vive la technologie !
Tiens, « rigolo » ça ! Comme une furieuse impression de déjà-vu !
Le parcours avait été jusqu'à présent sans embûche, pour un coureur tel que je suis, quasiment un champion en toute modestie !
Pour un sédentaire, cela doit s'apparenter à un film d'horreur ou à un cauchemar ; pensez donc, ces vingt cinq derniers kilomètres dans le froid, sous la pluie, dans la boue, avec un D+ de fou (pardon, un dénivelé positif pour les non initiés), des glissades, des promesses de chute incessantes, de l'alpinisme parfois, des ronces, le torrent en furie qui essaye de vous engloutir à chaque virage sec…

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On essaie bien de tourner et de suivre le sentier qui tourne, mais la boue est telle que si le sentier tourne à droite, on a la fâcheuse tendance à courir tout droit vers cet affreux torrent impétueux, gros de toutes les pluies des derniers mois, je refuse de figurer parmi la liste des noyés de ce trail nature!….

Le chrono, me demanderez-vous, eh bien il devient surnuméraire dans ces conditions, il n'y en a plus. Il faut aller au bout de son effort, de son enfer, ne pas céder au découragement. Mes chaussures pourtant pros, se sont tellement chargées de glaise boueuse, qu'elles arrivent à un point de ne plus pouvoir rien accrocher du tout ! J'ai même l'impression qu'elles pèsent des tonnes...
La nuit descend doucement dans cette forêt...Ma lampe frontale se trouve dans mon sac...
Mais, « rigolo » ça ! J'ai comme une furieuse impression de déjà-vu !



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Ce trail magnifique, semblait pourtant aux petits oignons, pour un athlète quasi professionnel, tel que moi....















































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