Je flotte,

je danse dans les nues
mon corps n'existe plus
je suis l'essence même,
évaporé
entre les entres
dans ces nuages sombres
qui me poussent et menacent
ils me chassent tous
mais je la vois, je tends vers elle
elle m'attire et m'absorbe
je la distingue
ô divine lumière
c'est toi qui les dessines

ils sont tout ce que tu n'est pas,
ils ne sont rien en somme

que tu est belle et douce, je vois tes longs cheveux d'or qui les percent
le calme, l'ataraxie quand je m'approche, et mes doigts prennent formes alors que je les tends vers toi
divine idylle, je te touche presque

je chois, je sens le froids, l'humide, je me sens, j'existe tandis que je tombe, nu dans ce puits brumeux
Je vois de pâles bras qui sortent de cette colonne incertaine, ils me touchent, me griffent, j'ai.. mal. j'ai peur. j'entends un bruit sourd, un grondement ; je m'entends.

j'existe et je tremble, alors que sous moi apparait la terre, la boue, une étendue infinie de terre fondue, un océan de vide dans lequel je m'écrase.

Seul.
Je suis là.
perdu.

Que suis-je? Où du reste ?
Es-ce là ma seule promesse ?
Attendre qu'elle vienne ?

J'ouvre les yeux, sans croire que je m'éveille, que s'est il passé ?
était-ce un rêve ?

Je suis seul, chez moi, il me faut du temps pour me ressaisir, allons ! Du nerf !

Tout va bien !

Je me lève, ensuqué, je me vois dans l'eau froide, livide, le soleil est déjà haut, le ciel est pâle ; le marronnier est jaunie par le temps qui passe et je suis seul, chez moi.

Je sors, j'ai faim, j'ai froid, le vent me pousse à moitié, je me sens faible et ma cape bat mes flancs à chaque bourrasque.
Personne sur le chemin, sinon les feuilles qui tourbillonnent, qui s'arrachent à leurs branches et ne cessent leurs courses que pour quelques instants.

Aucune pensée précise n'habite mon esprit je peine à me concentrer, la lumière blafarde du soleil m'éblouit, le vent gronde et résonne dans mon crâne, je ne sais pas où je vais, mon regards se perds peu à peu dans le sol boueux du chemin, dans les flaques déformées par le souffle du vents, dans ces feuilles qui me cernent, je sens que je m'abandonne alors que le ciel se couvre un peu plus et que la pluie menace.