L’oreiller s’engourdit sous mes cheveux. Les yeux clos, je savoure le battement de nos cœurs. Le vent secoue la nuit. Dehors, un sourire flotte sur ma nuque, un baiser de ta bouche a fleuri au jardin. Rouge et rose est le reflet du jour. Tiédeur douce; je m’alanguis...si tendre est ta peau, bogue de mon corps chaud. Ta main couleur satin couche mes rondeurs; recueil, velour du soir...Une étoile est tombée de tes yeux d’or. Elle s’émiette et poudre mes jours, infiniment sablés de paisibilité. Quand je plantais des plumes entre les pierres moussues, ton chien riait! nous étions si heureux. Toutes les plumes ont écloses, leurs duvets printaniers tremblent encore un peu . Au ciel de notre chambre, des oiseaux multicolores flamboient d’arc en ciel. Le merle noir a changé de costume. Il lance ses trilles, perché sur mon épaule.
Écoute le chant de la rivière : son murmure apaise les bruissements du grand saule pleureur. Elle dit que je suis vierge de tous les mondes. Mon cœur ne perle que pour toi. En suspension dans la moiteur du temps, un physalis groseille tes lèvres en calice...

Viens dormir pour toujours?
Mon ventre est ta maison!

Marion Lubreac :copyright: 2021